je rie pas, je pleure pas, je n’dis rien
sur un sticker collé à sa porte il est écrit :
mon amour ne me quitte pas
au dessous
les voisins entendent souvent claironner
Steven Patrick Morrissey
mais plus trop les râles d’extase
d’il y a quelques semaines à peine
au dessus
il n’y a personne
dans son lit
un souvenir
8h/18h, heure de bureau
décroche de toute fibre artistique
dégoter un emploi stable
des compromis, des abnégations
des dilemmes qui n’accablent
que les garçons romantiques et les filles
amoureuses
comme une salve ardente
qui frappe et qui foudroie
tu te laisses envahir par les promesses d’un
temps
les mauvais jours sont derrières
il n’y a plus rien à regretter
tu te dis : c’est un piège, un stratagème élaboré
mais voler des instants de bonheur
est un privilège qui n’a rien d’opportuniste
à chaque jour sa dose d’allers et retours
incessants
au seul nom de l’éphémère
bien sûr tu vas clamser
tu le sais et tu t’en fous
et autour de toi les gens disent :
tu offres un sprint à ton coeur, gare au forcing
mais qu’importe la dégringolade
tant que tu connais le fin mot de l’histoire
les amis t’injurient, te voient en irresponsable
tu souris et tu penses :
mieux vaut s’enivrer vite et sans espoir
que trop longtemps sans dépendance
une enfant nommée Adèle H est même
programmée
elle pourrait finalement s’appeler VIH
mais ce n’est même pas un sujet à débats
ni même une inquiétude
juste une prise de conscience qui se fourvoie et
s'anéantit
dans une suite d’accords déraisonnés
n’ayant cure d’un quelconque séjour hospitalier
les instants se suivent et ne se ressemblent
jamais
dans la chaleur de l’été
les amants délibérés devront quoiqu’il arrive
finir par encaisser
une main tendue
des lèvres gloutonnes
des mots trop crus
des déclarations pour aphones
un matin tu te réveilles tout transpirant
qu’as-tu dit hier pour à ce point démanteler tes
pensées ?
qu’as-tu fait hier pour aujourd’hui ne plus croire
en ce rien ?
le sacrifice est un shoot bref et intense
qui se suffit à lui-même
une inconsciente euphorie en territoire dévasté
un pacte diabolique qui te servira de fierté
il y a du mensonge dans l’air
la sauvegarde d’un idéal qui n’existe pas
tu poses un disque sur la platine et les peroxydés
new-wave te font pleurer
c’est normal, c’est naturel
à trop vivre loin de la fatalité
on en oublie parfois que la facticité a du vrai
tu sors boire un verre, puis deux, puis trois
au retour rien n’est pareil
les murs ont rétrécis
credits
from French Manucure,
released January 12, 2013
tous titres summer
Symphonic debut from a French multi-instrumentalist and composer who bridges the gap between studio recordings and synthesized sounds. Bandcamp New & Notable Mar 10, 2024